Tout le monde se pose la question : est-ce que l’IA va remplacer mon emploi?
Est-ce que l’intelligence artificielle va remplacer votre emploi ? Est-ce que vous devriez vous inquiéter pour votre avenir professionnel ?
Tout le monde se posent la question. Parmi les experts et la population, il y a différentes écoles de pensée. Certains sont optimistes face à cette révolution de l’intelligence artificielle alors que d’autres ont des résistances, voire des peurs.
C’est une question que j’entends souvent. Et je comprends pourquoi. Les titres alarmistes se multiplient, les outils se perfectionnent à une vitesse folle, et on a parfois l’impression que tout peut être automatisé. La réalité est plus nuancée.
Mais surtout, elle est remplie de beaucoup plus d’opportunités qu’on imagine, si on sait où regarder. Aussi perfectionnée soit-elle, la technologie reste un outil et elle sera ce que nous déciderons d’en faire, comme personne, entreprise ou société.
Je vous propose un regard objectif sur ce que vous devriez considérer maintenant dans cette transformation du travail.
L’IA va-t-elle vraiment supprimer des emplois ?
Oui. Et non.
Soyons lucides : l’IA supprime déjà des emplois. Une étude récente estime que 810 000 emplois sont menacés au Québec, notamment dans le secteur de la fabrication, où 96 professions sont jugées vulnérables à l’automatisation . Et ce n’est que le début.
Article complémentaire avec un tableaux des métiers à risque : L’intelligence artificielle menace 810 000 emplois au Québec
Répercussions de l’automatisation et de l’IA sur la main-d’œuvre au Québec | Institut du Québec)
Au-delà de l’impact direct de l’automatisation, de nombreuses entreprises dans le monde ont déjà réduit leurs effectifs pour pouvoir investir en intelligence artificielle.
Mais attention : l’IA ne fait pas que remplacer. Elle reconfigure. Elle automatise certaines tâches, mais en augmente d’autres. Elle libère du temps, mais exige de nouvelles compétences. Elle détruit des postes, mais en crée aussi de nouveaux.
Par exemple, Salesforce est en train de transformer l’ensemble de sa main d’œuvre pour s’adapter à l’IA. Source
Le vrai enjeu, ce n’est pas la disparition du travail. C’est sa transformation.
Ce que l’IA change, ce n’est pas juste le nombre d’emplois. C’est la nature même du travail. Elle nous pousse à évoluer, à apprendre, à nous recentrer sur ce que nous faisons de mieux : penser, créer, connecter, décider.
Métiers menacés par l’IA : entre automatisation et disparition
Tous les secteurs ne sont pas exposés de la même manière à l’automatisation. Les emplois qui reposent sur des tâches répétitives, prévisibles et facilement codifiables sont évidemment à risque. C’est notamment le cas dans les centres d’appels, la saisie de données, la comptabilité de base, ou encore certaines fonctions administratives.
Même ils ne sont pas les seuls, des métiers créatifs ou relationnels, comme le service à la clientèle ou la production de contenu, sont désormais touchés grâce aux avancées des IA génératives capables de rédiger, d’analyser et même de simuler de l’empathie.
Par exemple, des systèmes d’IA peuvent analyser les conversations des clients pour détecter leur niveau de satisfaction ou de frustration. Cela permet aux entreprises de réagir rapidement aux problèmes et d’améliorer leurs services. Une IA peut analyser les commentaires des clients sur les réseaux sociaux et alerter l’équipe de service à la clientèle en cas de commentaires négatifs. On crée de la musique et des bandes annonces complètes de films avec l’intelligence artificielle.
À l’inverse, les métiers manuels complexes, comme plombier, électricien ou technicien de maintenance, restent plus difficiles à automatiser à court terme. Ce sont souvent les tâches physiques, contextuelles et non standardisées qui pourraient le mieux résister à la vague technologique.
Source : entrevue de Geoffrey Hinton, prix nobel pour ses travaux en IA.
Contrairement aux changements technologiques précédents, aucun domaine n’est totalement à l’abri : ce n’est pas tant le métier qui est menacé, que certaines de ses composantes. D’où l’importance de revoir les rôles, de requalifier les compétences, et d’anticiper les transformations.
Sur quoi les entreprises devraient-elles mettre le focus ?
À mon avis, il y a deux trois priorités claires pour les entreprises de Montréal et Québec :
1- S’éduquer. Maintenant.
Beaucoup d’entreprises ne savent pas encore ce qui est réellement possible avec l’IA. La plupart de leurs employés utilisent ChatGPT, Gemini, Claude ou Copilot, mais elles n’ont pas encore vu comment ces outils peuvent concrètement améliorer leur performance.
Il faut aller essayer les outils, lire, échanger, assister à des conférences et voir ce qui se fait ailleurs. En Asie, en Europe, aux États-Unis. Il y a souvent deux ans d’écart entre ce qui se passe là-bas et ce qui arrive ici. C’est une opportunité incroyable pour prendre de l’avance.
2- Aligner la technologie avec les enjeux d’affaires.
L’IA ne doit pas être un gadget. Elle doit répondre à un vrai besoin. Où avez-vous le plus de frictions ? De lenteurs ? De tâches répétitives ? C’est là qu’il faut commencer.
Et surtout, il faut voir au-delà des simples gains de productivité à court-terme. l’IA peut changer les emplois, les compétences, les rôles, mais aussi les produits et services offerts, et même les modèles d’affaires. L’IA touche à tout. Elle exige une vision stratégique, pas juste un projet techno.
3- Et surtout : formez vos gens.
Réussir le virage de l’IA passe par les gens. La clé pour qu’elle soit adoptée, bien utilisée de manière sécuritaire et responsable, et efficace, c’est la formation. L’IA, ce n’est pas une baguette magique. C’est un outil. Et pour qu’il fonctionne, il faut que les humains sachent s’en servir.
Et nous, comme individus, qu’est-ce qu’on doit faire ?
Je vais être direct : si vous ne vous formez pas à l’IA, vous prenez du retard. Et ce retard peut devenir un vrai frein à votre carrière.
On entend souvent : « Vous ne serez pas remplacé par un robot. Mais vous pourriez être remplacé par quelqu’un qui sait utiliser un robot. » C’est exactement ça.
C’est une menace mais aussi une opportunité, tellement ces compétences sont recherchées. Se former en IA, c’est probablement le meilleur investissement du moment pour sa carrière.
On apprend. On teste. On se trompe. On recommence.
Je crois que les personnes qui vont tirer leur épingle du jeu sont celles qui vont :
- Apprendre à collaborer avec l’IA (comme on apprend à travailler avec un collègue),
- Développer leur pensée critique (pour ne pas tout gober sans réfléchir),
- Et rester curieuses (parce que tout change vite, et c’est OK).
Vous n’avez pas besoin de devenir expert en IA. Mais vous devez comprendre comment elle fonctionne. Et surtout, comment elle peut vous aider à faire mieux ce que vous faites déjà bien.
Voici, selon moi, les 3 compétences clés à développer dès maintenant :
1- Savoir dialoguer avec l’IA
Apprendre à utiliser un agent comme ChatGPT, Gemini, Claude ou Copilot, à poser les bonnes questions, à interpréter les réponses, à guider l’outil. C’est une nouvelle forme de collaboration homme-machine.
2- Résoudre des problèmes complexes
L’IA peut générer des idées, mais elle ne sait pas toujours définir le vrai problème. C’est à nous de garder cette capacité d’analyse, de synthèse, de jugement.
3- Rester curieux et critique
Comprendre comment fonctionnent ces outils. Ne pas tout prendre pour acquis. Savoir valider, nuancer, recouper. La pensée critique devient une compétence vitale.
Adaptation à l’intelligence artificielle
Je repense souvent à la pandémie. Du jour au lendemain, on a dû tout réinventer. Et on l’a fait. On a été résilients, créatifs, solidaires.
L’IA, c’est un autre de ces moments. Un moment où on peut choisir de subir… ou de construire.
Et comme à chaque fois, ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui :
- expérimentent rapidement,
- forment leurs équipes,
- et gardent une vision claire de là où ils veulent aller.
L’adaptation, ce n’est pas un sprint. C’est une série de petits pas, bien orientés.
Et la bonne nouvelle, c’est qu’on n’est pas seuls. Il y a des ressources. Des formations. Des accompagnements. Des communautés. Il y a des gens comme vous, qui veulent comprendre, avancer, contribuer.
« L’intelligence artificielle ne signe pas la fin du travail, mais le début d’une nouvelle collaboration entre l’humain et la machine. » L’impact de l’intelligence artificielle sur le marché du travail : enjeux et perspectives
IA et emplois : comment je vois l’avenir ?
Je ne vais pas faire de prédictions à 10 ans. C’est trop loin. Mais à 2 ou 3 ans, voici ce que je vois :
- Les entreprises qui auront intégré l’IA de manière stratégique auront un avantage concurrentiel majeur.
- Les employés qui sauront collaborer avec ces outils auront une valeur décuplée.
- Et les organisations qui n’auront rien fait… risquent de se retrouver dépassées.
Je crois profondément que l’IA peut améliorer notre quotidien. Dans la santé, dans l’éducation, dans les services publics. Si on automatise 30 % de la bureaucratie, on ne licencie pas 30 % des gens : on libère du temps pour mieux servir les citoyens.
La transformation du travail en chiffres
- 39 % des compétences de base devront changer d’ici 2030 (WEF)
- 90 % des entreprises prévoient une hausse de la demande en compétences liées à l’IA et aux données
- 2,4 millions de nouveaux emplois créés au Canada en 4 ans, tous exigeant de nouvelles compétences
- 59 % des emplois impactés par l’IA aux États-Unis seraient augmentés plutôt que remplacés – c’est-à-dire que l’IA assiste les travailleurs au lieu de les éliminer
Projections pour 2030
-
Suppressions cumulées : ~92 millions d’emplois supprimés.
Gain net projeté : +78 millions d’emplois
Ce qui représente une croissance nette de plus de 85 % par rapport aux emplois supprimés.
Sources : voyez notre rapport statistique Rapport statistique-transformation du travail-IA.pdf
En conclusion : une opportunité à saisir maintenant
L’IA n’est pas une vague à éviter. C’est une vague à surfer. Et comme toute vague, elle peut faire peur. Mais elle peut aussi nous porter loin. Très loin.
L’IA n’est pas une menace. C’est un levier. Mais comme tout levier, il faut savoir s’en servir.
L’intelligence artificielle ne signe pas la fin du travail humain : elle marque le début d’une nouvelle ère. Une ère où notre capacité d’adaptation, notre créativité et notre intelligence émotionnelle prennent toute leur valeur.
L’humain a toujours su se réinventer face aux grandes transformations, et cette fois ne fait pas exception. Comme je disais à ma collègue : « On a une capacité d’adaptation qui est saisissante. Ce qu’on a fait pendant la pandémie, c’est débile. On s’est tous virés à l’envers, on a fait des changements majeurs. »
L’IA nous pousse à évoluer, à apprendre, à collaborer autrement. Et c’est une bonne nouvelle : elle nous libère du répétitif pour nous ramener à l’essentiel : penser, créer, connecter. Alors, posez-vous les bonnes questions :
- Où perdez-vous du temps aujourd’hui ?
- Quelles tâches pourraient être automatisées intelligemment ?
- Quelles compétences devez-vous développer pour rester pertinent ?
Et surtout, n’attendez pas.
Parce que l’avenir ne se subit pas. Il se construit. Et il commence maintenant.
Vous êtes prêt à adopter l’IA et former vos équipes? Commencez par notre audit IA pour PME québécoises
En résumé
- L’intelligence artificielle transforme le marché du travail au Québec, avec des effets à la fois positifs et négatifs.
- Environ 810 000 emplois pourraient être affectés par l’automatisation, selon des études citées.
- Les secteurs les plus vulnérables sont la fabrication, le transport, l’administration et certains services.
- L’IA ne remplace pas uniquement des tâches manuelles, mais aussi des fonctions cognitives (ex. : analyse de données, rédaction).
- Les PME québécoises doivent s’adapter rapidement pour rester compétitives.
- L’article insiste sur l’importance de la formation continue et de l’acquisition de compétences numériques.
- Il propose une approche proactive : voir l’IA comme un outil d’augmentation des capacités humaines, pas seulement comme une menace.
- Les gouvernements et les entreprises ont un rôle clé à jouer pour accompagner cette transition.
–
Président chez Optimisation +, titulaire d’une maîtrise en développement organisationnel de l’Université Laval et ingénieur spécialisé en efficacité et automatisation des processus.

